15 Août 2011
Le patrimoine mondial était ainsi estimé à 125 000 milliards de dollars, soit environ 3 fois le PIB ou 20 000 $ par terrien. Les seuils de patrimoine étaient les suivants.
Il fallait posséder plus de :
A contrario, il fallait posséder moins de :
La répartition des masses de richesse par décile est représentée sur le graphique suivant. Il se lit ainsi : le décile le plus riche s’adjuge 85 % de la richesse mondiale, le décile suivant 9 %, etc. On a représenté en clair une répartition théorique ou chaque décile aurait le même patrimoine, afin de mieux visualiser l’écart.
Ainsi, si le monde était un groupe de 10 personnes, la plus riche possèderait presque 90 % des richesses, la seconde presque 10 %, et les 8 autres devraient se partager les 5 % restants.
Afin de mesurer l’inégalité, on cumule la part de chaque décile et on trace ce qu’on appelle la « courbe de Lorentz » (Max Lorentz était un économiste américain) de la répartition du patrimoine mondial en 2000 :
Elle se lit ainsi : les 80 % des personnes les plus pauvres disposaient de 6 % du patrimoine total et les 90 % les plus pauvres de 15 %. C’est une bonne façon de visualiser l’inégalité : l’égalité parfaite dans la population serait ainsi la bissectrice (droite fine). On définit à partir de cette courbe « l’indice ou le coefficient de Gini » (Corrado Gini était un statisticien italien) pour la quantifier. Il est égal à la surface claire entre la bissectrice et la courbe tracée, valant 0 en cas d’égalité parfaite et 1 (ou 100) en cas d’inégalité totale.
Disposant fréquemment de peu d’informations sur les patrimoines, on utilise généralement cet indice pour les inégalités de revenus. Observons sur les cartes suivantes la distribution de l’indice de Gini pour les revenus (Source : World CIA Factbook 2009 et Eurostat).
On observe ainsi que les zones les plus inégalitaires sont ainsi dans l’ordre, le Sud de l’Afrique (65), l’Amérique du Sud (55), les États-Unis (45), la Chine (43), puis la Russie (42). Les zones les plus égalitaires sont la Scandinavie (23) et l’Europe centrale (26).
Les deux graphiques suivants présentent une estimation de l’évolution historique de l’indice des revenus dans les sept principales zones géographiques, ainsi que celle de l’indice mondial.
Précisons tout d’abord qu’il n’est pas anormal que l’indice mondial soit supérieur à tous les autres : si tous les américains gagnaient autant (le salaire moyen américain actuel), et si tous les chinois gagnaient autant (le salaire moyen chinois) actuel, les deux indices seraient nuls, mais pourtant l’indice de la Chinamérique serait très élevé.
On constate ainsi que :
Fait remarquable, on observe enfin que pour la première fois les sept zones suivent le même mouvement – mais il s’agit malheureusement d’une tendance marquée à la croissance des inégalités dans chaque zone, depuis le milieu des années 1980 – et les années 1970 pour les États-Unis qui ont initié le mouvement. L’indice mondial est lui plutôt en légère baisse.
Les deux graphiques suivants représentent la proportion du revenu total perçu par le pourcent le plus riche de la population de différents pays. C’est une bonne illustration des inégalités mondiales.
On constate bien une nette différence entre les groupes anglo-saxons (à commencer par les États-Unis), en nette croissance des inégalités depuis une vingtaine d’années, et les groupes d’Europe continentale et du Japon, avec une plus grande stabilité ou une croissance nettement plus modérée et très récente.
Il apparaît donc que la légère réduction des inégalités mondiales se paie par un net approfondissement des inégalités dans chaque pays. Et que ce mouvement généralisé de croissance des inégalités a été lancé par les États-Unis dès la fin des années 1960, avec des conséquences plus tangibles au milieu des années 1980.
Ce phénomène se perçoit particulièrement au niveau des très hauts revenus, et de leur patrimoine :
On constate ainsi, avec un certain effarement, que des terriens possèdent autant que 5 millions de leurs frères réunis…
Un mort de faim toutes les 3 secondes
« Aujourd’hui, 1 milliard de personnes dans le monde sont sous-alimentées : une personne sur six n’a pas suffisamment de nourriture pour mener une vie saine et active. La faim et la malnutrition sont, au niveau mondial, le risque numéro un à la santé humaine – leur impact dépasse celui du SIDA, du paludisme et la tuberculose réunis.
En 2009, 2,2 milliards de personnes ont souffert de la faim cachée ou de carences en micronutriments.
Dans le monde en développement, près de 200 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de troubles de croissance et de dénutrition chronique, et près de 130 millions d’insuffisance pondérale.
Ainsi :
- plus de 9 millions de personnes meurent chaque année par suite, principalement, de la dénutrition, soit 25 000 par jour, soit une toutes les 3 secondes ;
- dont 14 000 enfants par jour, soit un toutes les 6 secondes ;
- dont 9 600 enfants de moins de 5 ans par jour.
En 2009, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a atteint atteindre un total de 1,2 milliard. » [Source : Rapport 2010 du Programme alimentaire mondial (PAM)]